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LE CIMETIERE

Je suis une fille libre comme l’air. J’aime me promener le soir, au clair de lune, seule, perdue dans mes pensées.

 

Ce jour-là, je marchais, tête baissée, les mains gelées et le visage fouetté par le vent. Je songeais au rude hiver que nous venions de passer, et qui continuait.

 

Soudain, une voix m’appela :

 

« Helena ! »

 

Elle était cristalline et semblait inquiète.

 

« Helena Dupont ! », répéta-t-elle, en employant mon nom complet.

 

Je me retournais vivement. Personne ! Entendais-je des voix dans ma tête ? Ma pauvre fille, tu deviens folle ! Je souris naïvement et continuai ma balade nocturne. La voix reprit de plus belle. Elle criait mon prénom et des bribes de phrases dénudées de sens. Je me bouchai les oreilles comme une gamine.

 

Et sous mes yeux ébahis apparut une frêle silhouette : une petite fille blonde, en chemise de nuit, le visage pâle et l’allure fantomatique. Je poussai un cri : c’était moi, 6 ans plus tôt ! Oui, je reconnaissais bien cette cicatrice près de l’œil et ces taches de rousseur.

 

Je ne comprenais pas : avais-je des hallucinations ? Je me sentais perdue.

 

La petite fille me tendit la main. Je la pris : elle était glacée. Cette « autre moi » m’entraîna à travers la ville déserte. Je la suivis, comme hypnotisée. Qui était-elle ? Pourquoi me ressemblait-elle tant ?

 

Nous arrivâmes devant le cimetière. Je frissonnais. Je détestais cet endroit, de jour comme de nuit.

 

La petite fille me lâcha la main. Je me tournai vers elle mais… Elle avait disparu ! Peut-être avais-je tout inventé depuis le début… J’étais sûrement venue seule devant le cimetière. Je devais vraiment être très fatiguée pour imaginer une fille fantôme.

 

Je décidai d’entrer, puisque j’y étais. Mon cœur battait la chamade. Je regardai chaque tombe avec attention. Quelques noms m’évoquaient quelque chose, mais je ne savais pas quoi exactement. Un en particulier m’intrigua :

 

 

« Philippe Dupont, 1968-2016.

Emporté par un accident de voiture »

 

Je savais que je connaissais cette personne. Mais d’où ? Impossible de me souvenir. Mon esprit était vide. Mon sang se glaça dans mes veines ; je n’arrivais plus à savoir où j’habitais, qui étaient mes parents, mes amis. Rien. Comme si j’étais devenue amnésique.

 

Je sentais que je devais aller au bout pour comprendre.

Je continuais à regarder les tombes, un peu troublée. L’une d’elle semblait plus éclairée que les autres, je m’en approchai. Des dizaines de fleurs et de messages couvraient la pierre. Mon cœur s’arrêta de battre. Sur une photo, je reconnus la fille de tout à l’heure.

 

Un fantôme...?

 

Mes jambes tremblaient, je tenais à peine debout. Je m'appuyais sur une tombe voisine. Je commençai à comprendre, mais j'avais peur de le vérifier. Je lisais le nom sur la tombe, et m'effondrais.

 

« Helena Dupont, 2001-2009

Le cancer t’a vaincue, mais nous ne t’oublierons pas, petit ange »

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Calou26

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